EXPERIENCE D’ELEVAGE DU KAKARIKI A FRONT ROUGE

(Cyanoramphus novaezelandiae)

 

AVANT PROPOS

 

La première fois que mon regard croisa celui d’un kakariki à front rouge, ce fût quand on me mit en présence d’un couple dans une cage de 80*40*40 avec un nid à l’intérieur, en contre jour … Deux oiseaux ternes sans grand intérêt.

Puis je croisais à nouveau sa route, cette fois installé dans une grande volière éclairée par la lumière solaire, mélangé à d’autres espèces de psittacidés. Ce n’est pas sa coloration qui m’attira de prime abord mais plutôt le fait qu’il sembla être le seul à s’intéresser à moi, à ne pas être effarouché et à s’approcher. A bien y regarder, il était magnifique avec son vert profond, sa couronne et ses lores rouges tranchant sur cette robe, sa forme trapue et surtout son air de clown toujours prêt aux plus spectaculaires acrobaties…

 

… Je l’installais dans la volière avec mes agapornis, le temps de lui proposer un espace intime et un partenaire.

 

DE LA FORMATION DU COUPLE A LA SORTIE DES JEUNES

 

Après avoir préparé une grande volière de 9 mètres sur 3,5 mètres et 3 mètres de haut avec un abri intégré et isolé de 200*200*200 (cm), je lâchais quatre mâles et cinq femelles (présumés !) dans ce nouvel environnement. Certains m’avaient déconseillés une telle entreprise mais j’avais le temps de les surveiller et les avais marqués avec des bagues de couleurs différentes pour bien les repérer.

En effet, le dimorphisme sexuel est subtil chez le kakariki à front rouge… Je les nourrissais à l’époque avec un mélange agapornis (par commodité) + 20 % d’alpiste, grappes de millet « à volonté », fruits et légumes,…

 

Au bout de quelques semaines, on pouvait soupçonner la formation de trois couples. Je laissais le temps faire son affaire.

Quand je fus réellement certains des pairs, je retirais les trois laissés pour compte et attendais la mi-mars avec impatiente pour poser les nids.

 

Tout de suite se dégagea alors un couple dominant (a) ; le mâle (aX) commença à inspecter les cinq nids, un autre mâle (bX) du couple (b) tentant des incursions quand le premier avait le dos tourné.

(aX) invita sa femelle (aC) à pénétrer dans un des nids, celui choisi pour la ponte.

 

(aX) commença par entrer et sortir du nid, ne semblant pas vraiment être intéressée. Pourtant, à la mi-avril, (aC) avait disparu. Je décidais une inspection du nid, assez inquiet de ne jamais la voir sortir. Elle était là, bien installée sur les copeaux, ne semblant pas vouloir bouger d’un pouce. Il fallut que je touche de la main son flanc pour qu’elle daigne sortir du nid. Mais rien… Ce qui me fait dire que la femelle met un certain temps à investir le nid pour commencer la ponte. Six jours plus tard, elle avait pondu !

 

Pendant ce temps, (aX) nourrissait sa femelle et (bX) en profita pour inviter sa femelle (bC) dans le nid le plus éloigné. Le troisième couple (d) ne semblait avoir aucune velléité de procréation.

 

(aC) pondit neuf œufs à deux jours d’intervalles et commença à couver à partir du troisième œuf (les deux premiers restaient froids). Quelle joie de découvrir ce premier œuf le 22 avril ; et plus la ponte grossissait, plus je me régalais à l’avance de pouvoir observer cette nichée pleine d’effervescence dans le nid.

 

(bC) pondit six œufs à un mois d’intervalle.

 

Les femelles couvaient assidûment, sans qu’on puisse observer la moindre activité agressive dans la volière (il faut dire que l’espace individuel est important) ; les mâles nourrissaient avec tout autant de dévotion.

 

L’éclosion débuta le 15 mai. Il va sans dire que la pâtée d’élevage était déjà distribuée depuis plus d’un mois.

Tous les deux jours, un nouvel oisillon mais les trois derniers, bien que fécondés, ne sortirent pas de l’œuf, le taux hygrométrique du moment étant très bas (une chose à mémoriser pour les prochaines pontes ; par temps chaud, asperger les œufs dans le nid matin et après-midi).

Les parents furent exemplaires, le mâle (aX) passant la majeure partie de son temps à la recherche de nourriture dans les mangeoires mais également au sol à gratter pour trouver des protéines animales, la femelle (aC) à nourrir les 6 petits. Lors des inspections, les jabots étaient visiblement bien rempli et les oisillons toujours en pleine forme.

 

La différence de taille entre le premier et le dernier de la couvée est impressionnante, d’autant plus importante que la nichée est élevée. D’ailleurs, les derniers éclos se font souvent écraser par leurs frères et sœurs plus gros.

 

Le 26 mai, je baguais le premier avec du 5 mm, après avoir tenté le neuvième jour et le dixième sans succès. Un beau mâle panaché sûrement au vu des petites tâches claires. Je pensais baguer le second le 28 mai mais il me fallut attendre deux jours supplémentaires pour baguer une femelle (la deuxième) et un autre mâle (le troisième) en même temps.

J’ai remarqué par la suite qu’il ne faut pas en tirer de généralités.

Le 29 mai une quatrième, le 1er juillet la cinquième et le 2 juillet la dernière. 2 mâles et 4 femelles. A la fin du baguage, les appendices tégumentaires (phanères) des plumes s’étaient déjà bien remplis pour les premiers nés et quelques esquisse de plumes en débordaient. Ce qui me fait dire qu’on peut commencer à soupçonner le phénotype des Cyanoramphus novaezelandiae à partir de quinzième jour de vie. Etaient nés quatre femelles cinnamon dont trois panaché et deux mâles panaché (je vous laisse deviner la couleur et le génotype de (aX) et (aC)…).

 

Le 07 août, première sortie de l’aîné, suivi tous les deux jours par le plus vieux de la couvée restant dans le nid. Au 18 août, tous étaient sporadiquement dehors. Il leur fallu une semaine supplémentaire pour sortir à l’extérieur, toujours nourri par un mâle quelque peu exténué. La semaine suivante, quelle joie d’observer la tribu a dans la volière extérieure. Que de couleurs ! ! !

Le mâle nourrit les petits encore une petite semaine (jusqu’aux environs du 04 septembre) tandis que la femelle avait déjà entrepris une nouvelle ponte de huit œufs dans un des trois nids restants.

 

Le couple b sorti seulement trois oiseaux du nid et ne se remis pas en tâche avant l’année suivante.

Je retirais les nids après la deuxième réussite du couple a, aidé dans la couvaison, soulignons-le, par les petits de la première couvée qui trouvaient un peu de chaleur dans ce nid inconnu durant le passage à l’automne.

 

Je terminais ma saison d’élevage ravi, en formant deux couples non-consanguins la saison suivante, dans des volières suspendues que je venais de souder.

 

Dans l’absolue, je n’autorise que trois couvaisons à mes femelles. En mettant les nids à la mi-mars (après les dernières gelées), la reproduction se termine aux environs de septembre-octobre. Ceci laisse donc 5-6 mois (la moitié de l’année) à mes couples pour se refaire une santé. Je dis bien dans l’absolue car il m’arrive quelques fois de trouver une femelle en pleine couvaison alors que je viens pour retirer les nids. Certains amis éleveurs me conseillent de casser les œufs. Ils ont peut-être raison mais je rechigne toujours à le faire, d’autant plus que la couvée va toujours à son terme…

 

ALIMENTATION

 

J’ai commencé par les mélanges de graines « Agapornis » puis « Grandes Perruches » (Versele Laga), ensuite j’ai opté pour les extrudés de la gamme Kaytee (que je recommande fortement). Le passage direct de l’un à l’autre n’a posé aucun problème et mes kakariki semblaient s’en délecter, l’odeur et les couleurs variées y sont sûrement pour beaucoup.

 

Cependant, vu le nombre de couples, et surtout de petits en attente, j’ai dû renoncer à cet aliment complet, la facture devenant trop salée. Je donne actuellement 50 % de mélange « Agapornis » (Versele Laga) et 50 % d’alpiste (qui convient surtout à mes Forpus).

Il va sans dire que l’eau propre est toujours à disposition, que les carottes et les pommes coupées en cubes sont distribuées tous les deux jours, ainsi que des grappes de millet. L’os de seiche est toujours disponible, bien qu’ils n’en soient pas friand. La pâtée d’élevage (Orlux « Moyennes Perruches » avec un kakariki à front jaune sur le seau, ce qui est assez rare pour être souligné) est à disposition à partir de la pose des nids pour que les bonnes habitudes se fassent.

 

Pas un supplément vitaminé mais un vermifugeage tous les trimestres.

 

CONCLUSION

 

Pourquoi ai-je écrit cet article ? Tout d’abord parce que je fus bien en peine, au début de ma « carrière » d’éleveur de kakariki, de trouver des renseignements sur son élevage. Même dans le magazine du CDE que j’ai rejoins il y a maintenant quelques années, je n’en ai trouvé trace, avec cet oiseau en guest-star.

Actuellement, c’est un peu la même chose, excepté si l’on parle la langue de Shakespeare et/ou qu’on soit branché sur le net. En effet, quelques livres existent où l’on traite du Cyanoramphus novaezelandiae sur 10-15 pages et quelques sites se passionnent pour cet oiseau, notamment un site que je trouve exceptionnel, normal c’est le mien (http://kakariki.free.fr/).

 

Il est vrai que le kakariki est de taille moyenne, donc ne rivalisant pas avec les grandes perruches et les perroquets, de couleurs particulières, ne rivalisant pas avec un lori arc-en-ciel. Pourtant, je le choisirai encore entre tous pour bien des raisons :

 

         ò Sa clownerie ; toujours actif, curieux, en confiance, réalisant des accrobaties exceptionnelles. Mettez-lui un morceau de pomme sur le dessus de la volière extérieure… Une heure de divertissement garanti.

 

         ò Sa discrétion ; jamais un mot plus haut que l’autre ! Ce n’est pas pour rien que certains osent l’emprisonner dans ¼ de mètre-cube. Il est silencieux et ses cris ne portent pas. Des petits « kek-kek-kek-kek-kek ». Rien à voir avec un Eclectus ou un Cacatoès.

 

         ò Sa robustesse ; la chaleur le laisse de marbre s’il a un abri. Quant au froid, n’en parlons pas. Il prend un bain, sitôt la glace cassée de sa baignoire en hiver… On le dit sujet au stress mais je n’ai jamais rien remarqué qui aille dans ce sens.

 

         ò Son adaptabilité ; on change de nourriture, il change de nourriture. On change de nid, il change de nid. Rien ne semble le déranger.

 

         ò Son apprivoisement ; même s’il n’a pas été élevé à la main, l’apprivoiser ne prendra pas bien longtemps. Il aime communiquer.

 

C’est vrai, on lui reproche de ne pas être étincelant alors qu c’est en réalité un joyau que seul les initiés peuvent découvrir, ceux qui ont pris le temps de s’y intéresser. Dans un certain sens, tant mieux car seuls les amoureux de cet oiseau néo-zélandais le maintiennent. Il le mérite.

 

Pour avoir plus de renseignement et de photos, pensez à visiter mon site

http://kakariki.free.fr/